Lyon : Quais de la Rive Droite du Rhône

Aujourd’hui, la métropole de Lyon s’est lancée dans une démarche de sens, la suite de la reconquête de son territoire fluvial pour refaire du Rhône une ligne de vie, berceau du développement de la ville. Un nouvel espace se dessine : la rive droite du Rhône. De prime abord, moins appréciable car entièrement défiguré par la création de l’axe Nord-Sud dans les années 60, il n’en demeure pas moins un espace regorgeant de potentiels à révéler.

Amener à dialoguer avec sa sœur la rive gauche, tirant profit de leur complémentarité et entrant en résonance avec le projet d’apaisement presqu’île, notre projet de la rive droite connecte profondément les deux rives. Cette grande entité (rive droite, frange presqu’îlienne et rive gauche), nous la nommons ripisylve urbaine, en analogie au fonctionnement du grand espace écosystémique du même nom. Elle met en commun une vie diversifiée, relationnelle, et solidaire entre tous les êtres vivants, les humains et les non-humains.

Un grand jardin linéaire nature s’installe. Il est capable de mettre en réseaux toute une série de lieux et crée une membrane climatique fertile pour la santé et le bien-être de tous. Environ 1200 arbres seront plantés et 45% du site sera désimperméabilisé. Ces objectifs ambitieux seront tenus grâce à la genèse d’une figure de paysage composée, au droit des façades, de plantations d’arbres de hauteur moyenne, du double alignement patrimonial du XIXème siècle conservé et complété, d’une implantation plus libre, plus ou moins dense d’arbres et d’espèces au développement intermédiaires, installant des continuités vivantes avec la nouvelle ripisylve du pied des murs de quais, véritable baladoir et usages de la vie aquatique.

Ce jardin du levant accueillera de grands parcours acclimatés qui rééquilibre spatialement l’ensemble des mobilités. La voie lyonnaise 6 reliant, à terme, Saint-Genis-Laval à Rillieux-la-Pape s’insère au milieu de la cathédrale de platanes, double alignement patrimonial. Trois voies de circulation longent la presqu’île. Un site propre bus se déploie sur les deux-tiers du linéaire. Enfin, deux grands promenoirs, un presqu’îlien et un rhodanien sillonnent les 2.5km de rive.

De nouvelles relations avec le fleuve sont engagées. C’est par le biais de grands dispositifs spatiaux et immersifs mais également de divagation et de contemplation qu’elles sont initiées. Quatre nouvelles terrasses, en demi-niveaux au droit de l’hôtel-Dieu et d’Antonin Poncet, ou en surplomb au niveau de Grolée ou de l’opéra, propose un rapport spatial plus intime avec l’eau. Le nouveau promenoir piéton coté rive, sera ponctué de multiples haltes contemplatives du fleuve (les rhonoramas). Nous avons aussi souhaité proposer à tous les utilisateurs de ce lieu, de nouvelles expériences au bord de l’eau, en ouvrant de nombreux bas port (Poncet, Wilson, Lafayette) à des usages libres mais également à des promenades immersives sur l’eau.

Fontaines actives, pieds humides climatiques, pergolas saisonnières, haltes ludiques, lieu d’appropriation libre viendront tous compléter ce nouveau parcours de fraicheur. Mobiliers et « mobilieux » le ponctueront, animeront des carrefours rivulaires porteurs d’échanges, d’attente, d’ombrage. Nous démultiplions les situations, inventons des lieux, des haltes où se combinent et se mélangent les générations.

La transformation de la rive droite se fera au fur et à mesure des avancées du projet par le déploiement d’un processus d’accompagnement spatial. Il permettra de s’acclimater à un environnement futur incertain mais qui sera surement beaucoup plus contraint. Aménagements de préfiguration par le biais de kit d’activations multiples et remobilisables, évènements festifs, ateliers de participation citoyenne s’orchestreront ensemble pour construire le projet de la rive droite.

Les Rives Jardins du Levant seront l’expression d’une nouvelle spatialité et relations au fleuve, à son patrimoine. Elles seront aussi l’entité d’une membrane fraîche, riche d’usages saisonniers pour tous les vivants. Une nouvelle ripisylve urbaine acclimatée fabriquant des lieux et des échanges dans l’espace public, le meilleur allié du non repli sur soi, dans un monde potentiellement instable face au réchauffement climatique.